Formation : diversifier pour mieux former
Afin d’assurer une bonne transmission des savoirs, la diversification des outils pédagogiques est nécessaire. La multiplicité des moyens d’apprentissage accorde une meilleure personnalisation et une plus grande motivation ; des facteurs-clés pour l’enseignement. Voici pourquoi et comment se diversifier dans sa formation.
S'adapter à tous les apprenants
Face à l’apprentissage, nous sommes tous différents ; c’est en tout cas ce que suggère la psychologie différentielle. Ce courant a su démontrer l’existence de différences, à l’échelle individuelle, dans les processus cognitifs. Ainsi, il existe donc différentes manières de percevoir, de mémoriser, de produire ou de restituer une information. Beaucoup de psychologues et de pédagogues ont alors tenté de discerner des profils d’apprenants afin d’appliquer pour chacun les techniques d’enseignement les plus adaptées.
Aujourd’hui, la grille d’analyse la plus répandue est celle de David Kolb (1). Cet éducateur américain propose quatre profils d’apprenants, c’est-à-dire des personnes que l’on peut classer dans autant de grandes « familles » différentes et face auxquelles il conviendra d’adapter la manière d’enseigner.
Cette méthode propose deux axes majeurs : un axe Concret/Abstrait et un axe Actif/Réflexif.
Les quatre profils sont :
- le Divergent (Concret-Réflexif) qui est imaginatif et empathique,
- le Convergent (Abstrait-Actif) qui cherche à comprendre à travers l’expérience,
- l’Accommodateur (Concret-Actif) qui préfère l’action à la théorie,
- l’Assimilateur (Abstrait-Réflexif) qui aime planifier et élaborer des théories (2).
Ces notions recouvrent bien d’autres aspects, mais ceux-ci permettent d’esquisser les contours de ces apprenants. Cette théorie peut sembler réductrice, ne prenant pas en compte les capacités d’adaptation individuelles, ou encore l’influence des interactions sociales. Mais elle appuie un fait : devant un auditoire diversifié, une seule méthode d’enseignement ne suffira pas. Afin de parler à tous les profils d’apprenants, il est plus judicieux de varier les formats et les modalités d’apprentissage. En plus de dynamiser la formation, cette diversification permet aussi de valoriser les atouts de chacun et ainsi d’accroître sa motivation. Parmi ces formats et modalités figure, en bonne place, la possibilité de mêler cours présentiels et à distance. Certains apprenants auront davantage besoin d’être « physiquement présents » pour bien cerner le cours et ainsi pouvoir continuer de chez eux par la suite. Tandis que d’autres, s’adaptent totalement aux cours à distance et privilégieront le présentiel uniquement pour les cours dits « pratiques », etc.
Le blended learning, très en vogue ces dernières années, est ainsi une aide précieuse pour adapter la pédagogie à chaque profil.
De plus, il y a un autre intérêt à se servir du numérique dans la préparation au CléA : le public qui souhaite passer le certificat n’est pas toujours habitué au maniement des outils digitaux. Il peut alors en « profiter » pour se familiariser avec ces derniers. C’est là un autre atout offert par les solutions numériques, lesquelles devraient se faire une place encore plus grande dans le domaine de la formation ces prochaines années…
Diversifier, motiver, améliorer
S’il n’est pas encore prouvé que la motivation a une influence directe sur la mémorisation, elle joue en tout cas un rôle important dans les processus d’apprentissage (3). Un apprenant démotivé ou non intéressé ne fournira pas d’effort pour apprendre, et les savoirs acquis seront vite oubliés, sauf en cas de nécessité vitale (4). Dans une étude intitulée « Influence de la motivation sur l’apprentissage d’un système linéaire » (5), deux chercheurs de l’Université de Potsdam ont tenté de le prouver. Ayant soumis des étudiants à des tests directement liés à leur profil de motivation, les chercheurs ont pu conclure que les étudiants moins motivés comprenaient moins bien et – inévitablement ! – réussissaient moins bien les exercices soumis. Pour parvenir à ce constat, les auteurs de l’étude avançaient l’existence de quatre dimensions dans la motivation dite « initiale ». Les attentes de réussite, l’anxiété, le défi et l’intérêt. Une certaine valorisation des apprenants, une mise en confiance et un renouvellement des exercices seraient donc des composants essentiels à une bonne pédagogie (6). D’où l’importance de varier les modalités pédagogiques. En diversifiant celles-ci, chaque apprenant pourra trouver ses points forts, ses compétences et ainsi être valorisé selon des méthodes qui peuvent l’interpeller. Quant au changement des pratiques, celui-ci peut apporter du dynamisme à la pédagogie. Ainsi, il peut pousser les apprenants à se surpasser dans une dynamique positive, où ils ne seront jamais enfermés dans un système où ils échouent.
Quelles pistes pour varier les formations ?
Selon une étude de l’institut de métiers du blended learning ISTF publiée en 2018 (7), 29 % des responsables de formation veulent passer au digital afin d’améliorer l’efficacité pédagogique des formations. Côté apprenants, 20 % souhaitent voir en priorité des contenus plus ludiques et interactifs et 20 % supplémentaires souhaitent favoriser le blended learning, (complémentarité de cours en présentiel et en distanciel grâce à une plateforme de formation), en variant plus les modalités proposées dans les parcours (8). La formation numérique serait alors une solution pour des cours plus en autonomie, avec une gestion plus personnelle du temps et des meilleures conditions d’apprentissage. Elle peut aussi aider à la prise de confiance, grâce au libre choix de l’environnement d’étude et à une visualisation directe des résultats d’exercices à l’aide des moyens numériques. Une formation numérique peut aussi être diversifiée, pouvant regrouper des classes virtuelles, des serious games, des cours scénarisés…
Une autre tendance qui se développe depuis plusieurs années est la part grandissante des jeux de rôle dans l’apprentissage (9). Plus ludiques que les cours traditionnels, ils favorisent la compréhension par des mises en situations concrètes proposées par le formateur selon les besoins de son public. Les apprenants peuvent se confronter directement à leurs difficultés et aux réalités du terrain de formation, sans pour autant se mettre en danger. Pour les formateurs, ces jeux permettent aussi de valoriser, par exemple en accordant un rôle à responsabilité à des personnes introverties, ou bien à pousser certains apprenants dans leurs retranchements en proposant des rôles qui les sortent de leur zone de confort.
Le plus important est de s’adapter continuellement à son auditoire et de proposer un programme riche, varié, qui répond aux attentes d’un enseignement efficace où chacun peut se sentir valorisé et plus instruit.
Références
1- https://www.cairn.info/revue-savoirs-2003-2-page-7.htm%20consult%C3%A9%20en%20mai%202011
2- http://www.appac.qc.ca/Pedagogie/pedagogieactive2.php
3- https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/apprentissage/la-motivation-moteur-de-lapprentissage-6911.php
4- http://journals.openedition.org/rfp/59
5- https://www.erudit.org/fr/revues/rse/2004-v30-n1-rse962/011771ar.pdf
6- http://betterstudy.ch/l-importance-de-la-motivation-dans-l-apprentissage/
7- http://pages.talentsoft.com/rs/522-HRF-726/images/Ebook_FR_ISTF.pdf
8- http://www.amplitude-formation.com/formation-blended-learning/
9- https://www.apprendreaapprendre.com/reussite_scolaire/veronique-bedu-methodes-pedagogiques/
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